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Atelier d'identification des fourmis françaises au laboratoire Arago (UPMC-Paris 6) à Banuyls-sur-mer du 3 au 5 juin 2008
Les Photos du colloque par Laurent Cournault
L'UIEIS-SF a organisé un atelier d'identification des fourmis françaises qui s'est déroulé au laboratoire Arago (Université Pierre et Marie Curie-Paris 6) à Banuyls-sur-mer (pyrénées orientales) du 3 au 5 juin 2008. Xavier Espadaler a assuré la formation, épaulé par Alain Lenoir, Christian Peeters et Thibaud Monnin. Il y a eu 11 participants de 8 labos: 6 doctorants, 1 MC, 1 CR INRA et 3 CR CNRS. La première journée a été consacrée à la détermination d'échantillons montés sur épingles que Xavier avait amené. Lors de la seconde journée nous avons récolté une trentaine d'espèces (Alain doit avoir la liste) dans la vallée de la Massane puis en bord de mer entre Saint Cyprien et Argelès. La dernière journée a été consacrée à l'identification de ces échantillons. L'ambiance été très bonne et tant les participants que les organisateurs ont apprécié cet atelier, que l'UIEIS-SF proposera certainement de nouveau.
Thibaud Monnin
Crematogaster scutellaris (crédit photo T. Monnin)
Le point de vue de Laurent C.
Mardi
Le matin, petit déjeuner au resto du CNRS. On suit Thibaud, le « responsable » de la salle de TP. Investissement des lieux. Xavier commence à installer ses échantillons sur plaque de liège. Il s’agit d’espèces des 46 genres européens que l’on est censé reconnaître à la fin de ces trois jours ! Thibaud pendant ce temps tente de faire fonctionner le projecteur, quitte à devoir prendre des risques pour sa santé ! Nous est remis une clé de détermination illustrée de nombreuses photos couleur réalisées par Xavier, on le remarque aux nombreuses annotations en espagnol sur certaines figures !
Présentation powerpoint de Xavier. Petite introduction « historique » des plus passionnantes, notamment sur son propre « parcours ». Discussion autour des concepts de taxonomie/détermination, des méthodes d’échantillonnages, le tout illustré de nombreuses anecdotes sur ses propres travaux (mention spéciale à l’utilisation de la piscine de son fils pour récupérer les sexués dans un parc de Barcelone !). Puis le gros du sujet : présentation des 46 genres de fourmis européennes. Enfin 47, mais Xavier avait omis le genre Manica, que cela soit dans sa superbe clé illustrée ou dans les échantillons à sec !
Ensuite, le reste de la journée était consacrée à l’exercice difficile de la détermination des nombreux échantillons proposés. Tout le monde penché sur sa bino à héler Xavier lorsqu’un conseil ou un éclairement pointu devenait nécessaire. Certains avaient emmené leurs propres échantillons : Alain avait notamment ramené du matériel « vivant », Christian des exemplaires de…ponérines bien sûr !
Une anecdote à retenir même si Xavier m’en voudra d’en faire part : ses multiples hésitations quand à l’identification d’une fourmi ramenée par Alain. Un coup Tapinoma, un autre Bothriomyrmex ou encore Technomyrmex…notre si sympathique espagnol a fait une démonstration « in vivo » des aléas d’affirmer trop rapidement les résultats d’une détermination. C’est devenu une boutade récurrente au cours du stage, Xavier ne désirant pas « perdre sa crédibilité » !
Mercredi
Journée de récolte. Après la pluie…le beau temps. Nous avons eu beaucoup de chance car ce fut le seul vrai beau jour de la semaine à Banyuls. Nous partîmes donc dans un cortège cosmopolite de 4 véhicules en direction des gorges de Lavall ou Lavail (selon les cartes, sic !).
Nous nous garons et ne prenons même pas le temps de parcourir 10m que voilà tout le monde à quatre pattes sur le bas cotés, qui son aspirateur, qui sa pince, qui sa loupe. Le cortège s’étiole en fonction des arrêts de chacun. Les flashs des appareils photos crépitent. A ce jeu c’est Thibaud et le MpE-65 récemment acquis par les parisiens qui gagne ; sans conteste le meilleur objectif macro du moment, utilisé par Alex Wild par exemple. Bon, il convient d’être honnête et de rappeler que Thibaud débutait avec cette « Rolls-Royce » de la macro, et je me souviens plus de sa frustration avec la profondeur de champ qu’autre chose ! Xavier lui s’intéresse surtout au Temnothorax qui pourraient trainer dans les arbres tandis que beaucoup découvrent des espèces encore jamais vu in natura (moi le premier)!
Il est midi et nous arrivons justement à la rivière Massane qui passe dans cette forêt de Sorède. L’occasion est belle de profiter des berges accueillantes et fraîches afin de se restaurer. Raphaël nous sort le cubi de vin …des Albères s’il vous plaît ! Chacun y va de son en-cas tandis que Christian se demande pourquoi personne ne boit de l’eau de la rivière (qui coule au milieu d’un espace de paturage !).
Mais rapidement les myrmécologues insatiables que nous sommes se lassent vite de la nourriture terrestre pour investir ce nouvel environnement. L’après midi sera consacré à l’exploration des berges et de la forêt attenante. Nous avons la chance de trouver des nids d’Hypoponera eduardi et Christian nous montre les larves si caractéristiques de cette espèce qui possède 4 « pieds » leur permettant de « s’accrocher » au plafond afin de ne pas être inondés (cette espèce vivant dans des milieux très humides).
Sur le retour, certains se feront remarquer pour n’avoir pas réalisé que nous rentrions…une voiture dû rester pour les attendre. Même si je fus le chauffeur de cette voiture je ne dénoncerais pas mes camarades étourdis…je ne parlerais donc pas de ce R.B. ni même de certains étudiants de Villetaneuse (R and O) ! Malgré tout nous arrivons finalement en même temps que nous prédécesseurs sur la plage de Saint Cyprien pour découvrir un nouveau biotope et apercevoir notamment les Cataglyphis et leur opération de terrassement façon « chien qui creuse » ou encore les colonnes de Messor.
Ce fut une longue journée et nous rentrons tout juste à l’heure du repas (19h).
Jeudi
Les organismes sont éprouvés, le temps est redevenu maussade mais c’est le temps de la détermination et notre moral n’est en aucun cas affecté. On s’attaque aux échantillons de la veille mais nous avons aussi l’occasion de continuer à travailler sur les échantillons à sec ou sur les échantillons ramenés par certains participants. Chacun rentre avec sa collection de référence avec des « identifications certifiées X. Espadaler » !
Les espèces recencées
-Forêt de Sorède au lieu dit Lavall, Chênes-lièges et Chênes -verts; altitude 220-280m
P. testacea, A. subterranea, M. spinosior, P. pallidula, C. scutellaris, T. recedens, T. angustulus, T. kraussei, T. aveli (=rabaudi), T. lichtensteini, Solenopsis sp., P. pygmaea, L. barbarus, L. grandis, L. emarginatus, L. flavus, F. gerardi, F. gagates, C. cruentatus, C. piceus, C. lateralis, C. aethiops, C. truncatus, C. pilicornis.
-Ripisylve le long de la rivière Massane, 250m. Biotope humide.
P. testacea, H. eduardi, D. quadripunctatus, A. subterranea, P. pallidula, C. scutellaris, T. lichtensteini, T. aveli, Solenopsis sp.,T. forte, L. platythorax, L. flavus, F. gagates, C. lateralis, C. truncatus, C. vagus.
Tout le monde est satisfait de ces trois jours (trop court !) et les Gentils Organisateurs (Thibaud, Christian et Alain) se demandent déjà comment renouveler l’opération l’année prochaine et sous quelle formule ! Une chose est sûre, Xavier sera de la partie ! Il a été vraiment le « professeur » idéal : s’exprimant parfaitement en français, communiquant sa passion, extrêmement compétent dans ce domaine si particulier, enthousiaste, disponible et un compagnon toujours agréable !
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